En plus de ces babioles, on gagnera évidemment en puissance grâce au classique gain d'
XP, afin de grimper les échelons jusqu'au quarantième et dernier niveau du jeu. A chaque palier atteint, on rendra visite à La Centrale (ou
Powerhouse en V.O.) où l'on pourra décider de la direction à prendre pour notre personnage. Selon le
level atteint, on aura droit à un nouveau pouvoir ou à un Talent supplémentaire (une augmentation statique d'une ou de plusieurs
stats) ou encore à des "points d'avantages" qui permettent d'ajouter des effets secondaires à nos pouvoirs (génération de menace, modification de la zone d'effet, etc). En plus de cela, on sera amené en début de carrière à sélectionner deux
"superstats", qui auront une influence majeure sur le développement de notre héros. Celles-ci
boosteront massivement deux de nos
stats, leur donnant au passage une augmentation significative à chaque niveau et une influence directe sur nos dommages en plus de leurs effets classiques. Faire le bon choix ici est évidemment critique, d'autant plus que
Champions Online dispose actuellement de l'un des systèmes de respécialisation les plus archaïques du milieu. Un joueur de niveau 35 qui veut se débarrasser d'un pouvoir acquis lorsqu'il n'était encore qu'un jeune héros level 5 dans
Champions Online devra effectivement annuler tous les choix effectués (qu'il s'agisse de pouvoirs, de talents ou d'avantages) depuis cette jeunesse bénie, en payant une somme astronomique au passage. A l'heure actuelle, une respécialisation complète d'un personnage de niveau 40 coûte plus de 5.000
"ressources globales" (l'équivalent des pièces d'or de
World of Warcraft), une somme qu'il est plus ou moins impossible d'accumuler à ce jour. Dans un jeu où tout le monde a accès à tous les pouvoirs, on comprend évidemment que
Cryptic veuille limiter les
respecs totales, mais là, c'est du délire complet. Il en découle un stress palpable à chaque fois que l'on visite La Centrale, et la salle d'essai des pouvoirs proposée par les développeurs n'y change rien. On croyait trouver avec
Champions Online un
MMORPG qui ouvrirait la porte aux esprits créatifs et aux concepts les plus fous, mais le titre de
Cryptic n'est finalement qu'un repaire de plus pour les rois de l'optimisation et un bel appât à
gold farmers.
Min/max or dieParce qu'il est bel et bien possible de créer un héros faiblard en faisant les "mauvais" choix dans
Champions Online, et de ne pas comprendre pourquoi on galère tellement face aux bandits de Millenium City jusqu'à ce que l'on essaie un autre personnage. Planifier son parcours à l'avance et en détails va apparemment vite devenir un impératif pour ceux qui n'ont pas l'intention de
reroller à tout va, et c'est d'autant plus problématique que la récolte d'information sur les mécanismes du jeu et ses pouvoirs est plus complexe qu'on pourrait le croire. Il faut dire que les
tooltips des attaques, les aides intégrées et plus généralement l'interface de
Champions Online sont très médiocres pour l'instant, et qu'il faut souvent naviguer pendant des heures sur les
forums officiels du jeu avant de trouver une réponse à nos interrogations. Ces soucis ergonomiques s'étendent d'ailleurs à l'ensemble du jeu, qui ne fait véritablement pas de miracle du côté de l'inventaire, du journal de quête, de la fiche de personnage et de tout ce qui s'en suit. On ne peut pas dire non plus que
Cryptic ait fait du bon travail pour nous informer de toutes les options et possibilités du titre, et des systèmes comme l'ordinateur de crime (qui permet de récupérer des missions instanciées générées aléatoirement comme la radio de
City of Heroes) ou le repérage automatique des
PNJ disposant de quêtes de notre niveau sont à peine expliqués au joueur, qui risque à vrai dire de passer complètement à côté. Ce manque total d'information s'étend même au
Nemesis System, qui est pourtant l'un des éléments les plus intéressants et originaux de
Champions Online.
On nous le promettait dès le niveau 1 durant le développement, mais la gestion du Némésis n'arrive finalement qu'à partir du
level 25 dans
Champions Online. Introduit lors d'une visite de courtoisie au commissariat de Millenium City, celui-ci nous permettra de créer notre ennemi pour la vie, en réutilisant le même éditeur de personnage qu'en début de partie. En plus du look, il faudra également sélectionner une personnalité (Génie, Maniaque ou Sauvage), un nom, un type de sbire (morts-vivants, robots, soldats, cow-boys, pirates, criminels, infernaux, démons, extraterrestres, insectoïdes, hommes-bêtes, hommes lézards, voyous, ninjas ou mafieux) et un "arbre d'évolution" que l'on ne peut hélas pas personnaliser pour cet adversaire très particulier. On héritera ensuite de notre première mission de Némésis, où l'on déjouera évidemment un plan diabolique sous le nez de notre ennemi furieux et un brin rancunier. Après cela, le Némésis nous suivra tout au long de notre carrière (à moins de décider d'en changer un peu plus tard) avec des apparitions surprises de ses sbires à n'importe quel moment et la découverte d'indices pouvant mener à une prochaine mission de Némésis. Le comble étant évidemment l'arrivée impromptue de notre pire ennemi lorsque l'on est groupé avec d'autres joueurs, ce qui peut mener à des batailles particulièrement épiques et/ou à des défaites vraiment cuisantes. Avec leur mise en scène grandiloquente et leur modèle volontairement parodique, les missions de Némésis restent en tous cas un bon moyen de sortir de la routine du
levelling à haut niveau et de rencontrer les horreurs que certains joueurs ont choisi en guise d'ennemi juré.
Victime de la mode, tel est son nom de codeOutre cela, on pourra aussi occuper notre temps avec les "donjons" de
Champions Online, qui proposent du contenu destiné à des groupes de cinq joueurs. Ici, le
MMORPG de Champions n'est pas particulièrement à l'aise, déjà parce que les instances proposées ne sont pas particulièrement passionnantes et que la plupart des
boss se résument à de gigantesques et interminables sacs de points mais aussi parce que le titre de
Cryptic Studios ne propose quasiment aucune synergie en groupe. N'utilisant pas de classes,
Champions Online nous permet tout de même de spécialiser un tant soit peu le rôle de notre héros grâce à des réglages différents (
Protector,
Avenger,
Sentinel ou
Guardian) qui permettent d'accentuer nos défenses, dégâts, pouvoirs de support ou plutôt d'équilibrer tout ça. Le problème étant que les avantages proposés par chacune de ces spécialisations ne compensent que très rarement les malus subis, tandis que le système de respécialisation cité plus haut empêche évidemment de passer rapidement d'un choix de pouvoirs plutôt orienté dommages à un
template plus défensif. Quand on sait que l'on aura en tout et pour tout que 14 pouvoirs différents (qu'ils soient offensifs, défensifs, actifs ou passifs) au niveau maximum dans
Champions Online, on se dit qu'il va être très dur d'avoir à la fois ce qu'il nous faut pour engranger de l'
XP tranquillement d'un côté et grouper efficacement de l'autre. Ne parlons même pas des amateurs du
PvP - déjà reclus dans des arènes ou duels à cause de l'absence regrettable de
supervillains jouables - qui devront sans aucun doute optimiser leurs choix pour
fragger, au détriment définitif du reste du jeu. Du coup, on aura tendance à favoriser le réglage équilibré (
Guardian), ce qui donne naissance des équipes parfois efficaces mais sans aucune interdépendance. En fait, on ne groupe pas dans
Champions Online, on "solote" à plusieurs.
A priori, on ne devrait toutefois pas avoir trop de problèmes pour trouver des compagnons de jeu, puisque
Champions Online ne propose qu'un seul et unique serveur divisé en une multitude de
"shards" à la manière d'un
Guild Wars. On peut d'ailleurs sélectionner quelle instance de chaque carte on désire visiter lors des changements de zone, afin de mieux retrouver les membres de notre guilde, groupe ou liste d'amis. Les non-anglophones risquent par contre de vite se sentir seuls sur cet unique serveur mondial, même si l'on imagine (ou espère) que des canaux français seront très vite lancés sur le système de chat du jeu et/ou que
Cryptic Studios décidera à terme de réunir automatiquement les joueurs d'une même nationalité sur un même
shard. A ce propos, il est important de noter que la traduction française de
Champions Online n'est que partielle à l'heure actuelle et qu'elle entraîne une grosse perte de l'humour omniprésent et parodique du jeu ou même des confusions sur certains
tooltips déjà pas bien informatifs en version originale. Toujours dans la technique, les graphismes de
Champions Online diviseront sans aucun doute les foules avec leur style mi-
cel-shadé même s'il reste possible de désactiver tous ces effets de
post processing grâce à une petite visite dans les options. Le rendu des pouvoirs aura sûrement plus de succès de son côté, avec (entre autres) des effets de glace, de feu et d'électricité vraiment très réussis et la possibilité de recolorer tout ça selon notre bon vouloir. Dommage que
Cryptic Studios ait d'ores et déjà prouvé à la sortie américaine que son outil d'équilibrage pour toutes ces jolies choses était la batte de baseball plutôt que le pinceau. Autre regret, les zones du jeu (aussi immenses soient-elles) ne sont qu'au nombre de cinq pour l'instant et l'on se lasse un peu (beaucoup) du Canada/désert lorsque l'on y revient au niveau 35 alors que notre première visite date du niveau 6. Sans surprise enfin, on notera évidemment que
Champions Online, en bon
MMO tout juste sorti, souffre évidemment de son lot (relativement peu fourni) de
bugs, d'un bon nombre de problèmes d'équilibrage et d'une absence relative de contenu
"endgame". L'ultime interrogation sur le jeu concerne les micro-transactions de la
Boutique Champions, qui restent bien mystérieuses pour l'instant. Espérons en tous cas que l'on pourra y acheter de nouveaux emplacements de personnages, parce que 8 slots par compte dans un jeu pareil, c'est vraiment très peu.
Configuration de test : Intel Core 2 Q6600 @ 3.40 Ghz, 2 Go de RAM, GeForce 8800 GTX
On s'attendait à un clone à peine déguisé de
City of Heroes, mais
Champions Online se rapproche plutôt d'un
World of Warcraft au pays des super héros avec ses gigantesques (mais très peu nombreuses) zones ouvertes et ses missions calquées sur le même modèle que celles du
MMORPG de
Blizzard. La parenté avec le précédent titre de
Cryptic se retrouve tout de même du côté de l'excellent éditeur de personnage, qui permet de créer un peu tout et n'importe quoi à condition d'arriver à passer outre son interface bien bancale. Ce défaut d'ergonomie que l'on retrouve à vrai dire dans tout le reste du jeu n'empêche heureusement pas de créer le héros de nos rêves en mélangeant à loisir tous les pouvoirs proposés par l'équipe du jeu, même si le système de respécialisation alambiqué et rétrograde nous encourage plus au stress qu'à la créativité. Malgré certains choix de
design un brin curieux et un manque certain de synergie de groupe,
Champions Online tire tout de même son épingle du jeu grâce à son système de combat, à la fois original, exigeant et surtout incroyablement fun. Reste à voir maintenant si la communauté des joueurs de
MMORPG accros aux hommes en collants est assez fournie pour soutenir à la fois
Champions Online et
City of Heroes ou si l'un d'entre eux deviendra une victime de plus du monde impitoyable des jeux massivement multijoueurs.